14 septembre 2024
Paris - France
INTERNATIONAL

Joe Biden annonce un arrêt des livraisons d’armes offensives à Israël en cas d’intervention militaire massive à Rafah

Suspension partielle des exportations d’armes britanniques vers Israël : « C’est la première fois qu’un pays occidental prend une telle décision », souligne l’ancien officier Guillaume Ancel
Le Royaume-Uni a annoncé suspendre une trentaine de licences d’exportation d’armes à Israël car « il existe un risque clair » qu’elles soient utilisées pour violer le droit humanitaire international à Gaza.

« C’est une décision éminemment symbolique », analyse mardi 3 septembre sur franceinfo, Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre, après l’annonce de Londres de suspendre une trentaine de licences d’exportation d’armes vers Israël sur un total de 350. « C’est la première fois qu’un pays occidental – qui a toujours soutenu Israël – prend une telle décision », ajoute-t-il.

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Même si les exportations d’armes britanniques sont faibles, la décision du Royaume-Uni de les suspendre en évoquant un risque qu’elles soient utilisées en violation du droit international à Gaza « ouvre la porte » et envoie un message, selon Guillaume Ancel : « On ne peut plus laisser Netanyahou mener sa politique de dévastation, de carnage, qu’il conduit depuis onze mois sur la bande de Gaza« . L’ancien officier déplore aussi la mort des six otages israéliens découverts dans un tunnel de Gaza. « Ils auraient dû être libérés si Netanyahou avait accepté un cessez-le-feu qu’il refuse depuis neuf mois. Ça fait neuf mois qu’il rend ‘chèvres’ tous les négociateurs. En réalité, il veut rester en guerre, exactement comme le Hamas. »

« Ça va questionner les États-Unis »

Israël est en train de « perdre le soutien des pays qui l’ont toujours soutenu jusqu’ici », assure Guillaume Ancel qui regarde surtout outre-Atlantique. « Ça va questionner les États-Unis qui sont fournisseurs à 90% d’Israël ». Il attend les résultats de la présidentielle américaine pour une éventuelle prise de décision. « Après le 4 novembre, Kamala Harris [si elle est élue] a déjà prévenu qu’elle défendrait Israël mais qu’elle se préoccupait du peuple palestinien », rappelle Guillaume Ancel.

 

Joe Biden annonce un arrêt des livraisons d’armes offensives à Israël en cas d’intervention militaire massive à Rafah

Dans un entretien à CNN, diffusé mercredi 8 mai au soir, le président américain a reconnu que des civils avaient été tués à Gaza par des bombes fournies par les Etats-Unis. L’administration Biden a confirmé la suspension d’une livraison d’armes à l’Etat hébreu.

Les Etats-Unis ont franchi un pas inédit, mercredi 8 mai, dans leur relation étroite mais complexe avec Israël. L’administration Biden a confirmé la suspension, la semaine précédente, d’une livraison d’armes à son allié, engagé depuis sept mois dans une guerre meurtrière dans la bande de Gaza. Il s’agissait de 1 800 bombes de 2 000 livres (907 kilogrammes) et de 1 700 bombes de 500 livres. D’autres livraisons prévues prochainement devraient être réexaminées, en fonction des événements à Rafah.

Il s’agit là d’un avertissement clair, mis en scène par des fuites dans la presse, adressé au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. « Je l’ai dit clairement à “Bibi” et au cabinet de guerre : ils n’auront pas notre soutien s’ils vont dans les centres de population », a averti Joe Biden, dans un entretien à CNN, diffusé dans la soirée.

Le président américain a souligné que, pour l’heure, les Israéliens avaient pris seulement le poste-frontière de Rafah, provoquant ainsi des « problèmes » avec l’Egypte, interlocuteur essentiel de Washington dans cette crise. Mais Joe Biden a déclaré : « [En cas d’opération d’envergure,] nous ne fournirons pas d’armes et d’obus d’artillerie. » Il s’agit d’un tournant, mais pas d’une rupture stratégique, dans le soutien total de l’administration américaine à Israël depuis le 7 octobre 2023.

Le 6 mars, le Washington Post avait révélé que près de cent livraisons d’armes avaient déjà été organisées en six mois, soit un véritable pont aérien. Le 24 avril, Joe Biden a signé une loi, votée au Congrès, qui accordait 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros) d’aide supplémentaire à Israël et aux Palestiniens. Sur cette somme, 5 milliards étaient destinés aux trois systèmes de défense antimissile de l’Etat hébreu.

Exaspération, appréhension, interrogation

Il n’est pas question de remettre ce paquet en question. Il est vu comme crucial, à l’aune de la récente attaque de l’Iran contre Israël, par drones et missiles. En revanche, les Etats-Unis remettent en question la livraison de bombes massives utilisées de façon indiscriminée par Israël. Très tardivement, sept mois après le début du conflit, l’administration américaine utilise enfin ce levier de pression, alors qu’on ne connaît pas l’état des stocks israéliens.

Cette décision traduit à la fois une exaspération causée à Washington par Benyamin Nétanyahou, une appréhension quant aux conséquences d’une opération massive à Rafah et enfin une interrogation juridique sur la responsabilité américaine. « Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes [américaines] et d’autres moyens utilisés pour attaquer des zones peuplées », a reconnu Joe Biden sur CNN.

JM.  Source /Franceinfo

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