J’exhorte tous les pays africains à créer des centres d’accueil et d’accompagnement des enfants autistes et trisomiques . C’est vital , c’est une affaire de santé publique qui nous concerne tous.
ContinentMedia :Qui est Bintou Sora Doumbia ?
BSD:Je suis Bintou sora Doumbia et suis à la tête de trois associations : DEMBAYA PARENT ENFANTAUTISTE qui existe il y’a une vingtaine d’années , opération TOUNKARA KE c’était une opération pour les Maliens rapatriés de la Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale et pour ceux rapatriés de la Centrafrique . Et la dernière c’est la création de la web tv. ( FOUGA MEDIA TV) pour promouvoir la culture africaine dans la diaspora.
CM:Comment cette idée de créer une association pour les enfants autistes est-elle née ?
BSD:L’autisme est un handicap méconnu des femmes africaines. Je l’ai découvert à travers mon dernier fils Mohamed.
J’ai pris ma caméra et je suis partie pour sonder l’opinion malienne, j’ai tenu aussi des conférences .Ensuite cette idée m’est venue de créer cette association car il n’y avait pas d’associations africaines sur l’autisme, pour comprendre ce handicap moi-même et aider les autres mamans africaines. Elles ne l’acceptaient pas et donc elles avaient honte de sortir avec leurs enfants . Il y’avait là , la souffrance de la maman et celle de l’enfant. Je me suis documentée et informée auprès des spécialistes ( psychologues, médecins ) , voilà comment est née cette association pour accompagner ces parents africains . L’association a été créée dans le le XIXè à Paris, et le Maire de l’époque ,trouvait cela communautaire mais j’ai persévéré car je connaissais ma cible , ce sont les mamans qui avaient ce besoin d’accompagnement compte tenu de nos cultures.
CM:Les mamans africaines ont- elles adhéré à votre démarche
BSD:Oui mais les débuts étaient difficiles car les mamans avaient du mal à trouver une école pour eux . Les mamans m’ont soutenu puisqu’elles avaient peur du regard des autres car dans la mémoire collecte africaine , les enfants autistes sont du diable et certains ont été envoyés en Afrique .Donc c’est un soulagement pour ces mamans qui ont trouvé en moi une oreille . J’ai sollicité le centre social de Belleville pour faire de la cuisine afin d’échanger et partager le repas ensemble. Et parler de la scolarité des enfants, pour organiser des sorties pour intégrer les enfants .Et la communauté chinoise nous a rejoint. Dès que j’ai fait mon premier plateau sur 2A Telesud avec Eugenie Diecky , l’association a pris de l’essor. Nous avons organisé des ateliers . Je suis parti au Mali sur conseil des spécialistes pour un mois pour panser mes plaies de mon cœur car je souffrais beaucoup de cette situation de mon fils .J’ai réalisé un documentaire au Mali qui a suscité beaucoup d’engouement autour l’autisme. Mon message aux parents qu’on ne guérit d’autisme ,donc pas besoin d’aller voir un charlatan. A cause de cela , j’ai été menacé au Mali. Je sensibilise les mamans de ne pas donner des médicaments aux enfants car ils les abrutissent. La preuve mon fils m’a appelé maman à 8 ans. Le plus important que la maman s’accepte comme mère d’un enfant autiste. Cela a été un combat pour que mon fils trouve une place dans une école « normale ». Or la loi stipule q’un enfant autiste peut demeurer pendant 3 ans à l’école primaire , donc mon fils y rester jusqu’au collège. Chaque année, c’était un combat pour trouver une école.
CM :D’où avez puisé la force pour tenir
BSD:J’ai suivi des conférences au centre Atlas organisés par l’association Laisse-moi t’aider dans le XVIIIè à Paris où j’ai écouté les témoignages de nombreuse autres mères . Un témoignage qui m’a bouleversé « mon fils a commencé à parler à l’âge de 40 ans et il joue du violon maintenant » dit Mme Gilbert .
Aujourd’hui , l’internet facilite les choses ; on peut s’informer , se documenter à travers les réseaux sociaux et plateformes mais ce n’est pas le cas il y’a 15-20 ans en arrière, l’autisme était presque méconnu en France, pas de centres et alors les enfants étaient enfermés . Donc , il était difficile pour les parents français d’obtenir des informations , à fortiori les parents africains. Tout un combat.
CM:Quels conseils pour les jeunes qui vont affronter l’autisme
BSD:Pendant la grossesse on ne peut pas détecter l’autisme , mais par le comportement de l’enfant qu’on peut le savoir. Le cas de mon fils ,il criait beaucoup la nuit et il était devenu calme tout d’un coup. La PMI m’a demandé d’aller au CNP et 5 ans après sa naissance que j’ai su que mon fils était autiste . Je conseille aux futures ne pas emmener leurs enfants chez les charlatans, les marabouts car l’autisme n’est pas une fatalité. Il faut organiser des sorties avec d’autres enfants autistes pour se faire des copains , des copines. Pour s’épanouir ,surtout faire des activités physiques.
Je lance un appel aux autorités de développer des centres d’accueil pour accompagner les enfants autistes et trisomiques . Le seul pays africain qui en possède c’est le Sénégal mais j’exhorte tous les pays africains à créer des centres d’accueil et d’accompagnement des enfants autistes et trisomiques .
Contact : asso Dembaya parent enfant autiste : 06.11.01.10.27/ 06. 68. 10. 96 .79
Interview réalisée par Jean MOLIERE