Un nouveau partenariat annoncé par ce club des pays développés vise à mobiliser 600 milliards de dollars de fonds pour financer des projets d‘infrastructures dans les pays en développement, en Afrique notamment.
Le président américain Joe Biden et d‘autres dirigeants du G7 ont dévoilé, à la fin de juin, un projet de plusieurs milliards de dollars destiné à concurrencer l‘initiative chinoise Belt and Road (BRI) (« Nouvelles Routes de la soie »), lancée il y a une dizaine d‘années, riche de promesses, mais dont les réalisations et le contenu exact sont peu détaillés.
Ce Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements (PGII en anglais) vise à mobiliser 600 milliards de dollars de fonds publics et privés jusqu‘en 2027 pour financer des projets d‘infrastructures dans les pays en développement, notamment en Afrique. Environ un tiers de ces ressources, soit 200 milliards de dollars, devrait être mobilisé par les États–Unis.
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Des dizaines de projets dans le pipeline
Le président Joe Biden n‘a laissé planer aucun doute sur le fait que le nouveau fonds est destiné à faire contrepoids à Pékin, que les États–Unis et leurs alliés accusent d‘accabler de dettes les pays en développement. « Ce que nous faisons est fondamentalement différent, parce que fondé sur les valeurs communes de tous ceux qui représentent les pays et les organisations (associés au projet] », a déclaré Joe Biden. « [Ce partenariat] est construit selon les meilleures pratiques au niveau mondial : transparence, partenariat, protection du travail et de l‘environnement. »
SANTÉ, CONNECTIVITÉ NUMÉRIQUE, ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, ET SÉCURITÉ CLIMATIQUE CONSTITUENT LES DOMAINES PRIORITAIRES
Le lancement du PIIG le 26 juin intervient un an après l‘annonce par les États–Unis d‘une initiative similaire – Build Back Better World (B3W) – lors de la réunion du G7 de juin 2021 en Angleterre. Dans l’intervalle, l‘Union européenne a annoncé son propre fonds d‘infrastructure, le Global Gateway, doté de 300 milliards d‘euros (320 milliards de dollars), tandis que le Royaume–Uni a mis sur les rails l‘initiative Clean Green lors du sommet COP26 de novembre 2021 en Écosse, incitant les dirigeants des démocraties industrialisées à collaborer plus étroitement.
COP26 : où vont les financements climatiques en Afrique ?
Le PIIG se concentre sur quatre domaines clés : la santé et la sécurité sanitaire ; la connectivité numérique ; l‘égalité et l‘équité entre les sexes ; et la sécurité climatique et énergétique. Parmi les dizaines de projets déjà dans le pipeline, beaucoup se trouvent en Afrique. Parmi ceux–ci, citons : un partenariat entre deux entreprises américaines, Africa Global Schaffer et Sun Africa, et le gouvernement angolais pour investir 2 milliards de dollars dans la construction de nouveaux projets solaires dans quatre provinces du sud du pays; 14 millions de dollars de subventions pour développer une installation de fabrication de vaccins à l’échelle industrielle au Sénégal.
La bonne approche ?
Pour les promoteurs de projets existants, une coordination plus étroite entre les pays du G7 pourrait les aider à augmenter leurs investissements. C‘est le sentiment de John Nevergole, DG de la société de développement de projets ABD Group, établie à Philadelphie, qui a pu obtenir un financement de 320 millions de dollars pour construire ou rénover plus de 100 hôpitaux et cliniques en Côte d‘Ivoire après la visite du Premier ministre Patrick Achi à Washington, en mars. La nouvelle initiative pourrait contribuer à débloquer le financement nécessaire pour reproduire ce projet sur l‘ensemble du continent, a indiqué John Nevergole à The Africa Report.
Si, selon Scott Morris, du Center for Global Development à Washington, l‘orientation générale de l’annonce du G7 est bienvenue, il estime « un peu étrange » de présenter ces investissements comme des alternatives à la Chine tout en encourageant la coopération avec les institutions financières multilatérales. En effet, la Banque mondiale s‘appuie largement sur les géants chinois de la construction pour bâtir des infrastructures. « Les pays en développement eux–mêmes seraient bien mieux lotis si la question était abordée dans un cadre plus coopératif », indique Scott Morris.
AFP