L‘agence européenne des frontières s‘apprête à renforcer ses effectifs dans les îles espagnoles, et pourrait y déployer des moyens de surveillance aérienne, jusque–là concentrés sur la Méditerranée.
Frontex muscle en urgence sa présence dans les Canaries, confrontées à un afflux sans précédent de migrants partis des côtes marocaines, mauritaniennes, et même sénégalaises. L‘agence européenne de contrôle des frontières, qui a déjà déployé voilà quelques mois une quarantaine d‘agents au sein du centre de coordination régionale de la Guardia Civil, à Las Palmas, se prépare à une nouvelle hausse de ses effectifs dans les îles espagnoles. Pour l‘accompagner, elle s‘est mise à la recherche d‘infrastructures mobiles.
La prochaine étape pourrait consister à déployer des moyens de surveillance aérienne aux Canaries. Frontex prévoit de dépenser, dans les deux prochaines années, plus de 150 millions d‘euros pour la location d‘avions ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance) et même de drones (AI du 16/06/21). Pour ces opérations, jusqu‘ici été cantonnées à la Méditerranée – notamment au large des côtes libyennes – Frontex pourra notamment solliciter le britannique DEA Aviation, le néerlandais EASP Air, voire le canadien PAL Aerospace, qui se sont vu attribuer des marchés en juillet. Le groupe franco–luxembourgeois CAE Aviation, sous–traitant historique de Frontex, n‘est en revanche plus dans la course. Pour les drones, Airbus Defence and Space opère depuis mai un drone Heron stationné à Malte, et l‘israélien Elbit, retenu dans le cadre du même marché, doit bientôt déployer ses propres drones Hermes.
L‘exécutif espagnol ne devrait pas tergiverser
Le premier ministre espagnol Pédro Sanchez avait refusé, cet été, l‘aide de Frontex à Ceuta et Melilla afin de ne pas envenimer la crise diplomatique avec le Maroc. Le royaume avait laissé passer des milliers de migrants dans les deux enclaves espagnoles en rétorsion à l‘hospitalisation du chef du Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. Dans les îles atlantiques, le chef du gouvernement devrait mieux accueillir Frontex. Plus de 11 000 migrants clandestins ont débarqué aux Canaries entre le 1er janvier et le 14 septembre, avec parfois près de 400 arrivées par jour. Et au moins 800 personnes ont péri dans les naufrages de leurs pateras. Un chiffre sans doute largement sous–estimé : la « route des Canaries”, encore plus dangereuse que celle de la Méditerranée, est aussi bien moins surveillée.
Par ailleurs, le Partido Popular (PP, opposition), met la pression. Le sénateur de Gran Canaria (la principale île de l‘archipel), Sergio Ramos Acosta, a déposé mi septembre une motion demandant un déploiement immédiat de Frontex, et des moyens additionnels pour la Guardia Civil, la police, et le sauvetage en mer.
AI
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