18 avril 2024
Paris - France
EUROPE INTERNATIONAL

Face aux migrants venus de l’Atlantique, Frontex s’enracine aux Canaries 

Lagence européenne des frontières sapprête à renforcer ses effectifs dans les îles espagnoles, et pourrait y déployer des moyens de surveillance aérienne, jusqueconcentrés sur la Méditerranée

Frontex muscle en urgence sa présence dans les Canaries, confrontées à un afflux sans précédent de migrants partis des côtes marocaines, mauritaniennes, et même sénégalaises. Lagence européenne de contrôle des frontières, qui a déjà déployé voilà quelques mois une quarantaine dagents au sein du centre de coordination régionale de la Guardia Civil, à Las Palmas, se prépare à une nouvelle hausse de ses effectifs dans les îles espagnoles. Pour laccompagner, elle sest mise à la recherche dinfrastructures mobiles

La prochaine étape pourrait consister à déployer des moyens de surveillance aérienne aux Canaries. Frontex prévoit de dépenser, dans les deux prochaines années, plus de 150 millions deuros pour la location davions ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance) et même de drones (AI du 16/06/21). Pour ces opérations, jusquici été cantonnées à la Méditerranée notamment au large des côtes libyennes Frontex pourra notamment solliciter le britannique DEA Aviation, le néerlandais EASP Air, voire le canadien PAL Aerospace, qui se sont vu attribuer des marchés en juillet. Le groupe francoluxembourgeois CAE Aviation, soustraitant historique de Frontex, nest en revanche plus dans la course. Pour les drones, Airbus Defence and Space opère depuis mai un drone Heron stationné à Malte, et lisraélien Elbit, retenu dans le cadre du même marché, doit bientôt déployer ses propres drones Hermes

Lexécutif espagnol ne devrait pas tergiverser 

Le premier ministre espagnol Pédro Sanchez avait refusé, cet été, laide de Frontex à Ceuta et Melilla afin de ne pas envenimer la crise diplomatique avec le Maroc. Le royaume avait laissé passer des milliers de migrants dans les deux enclaves espagnoles en rétorsion à lhospitalisation du chef du Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. Dans les îles atlantiques, le chef du gouvernement devrait mieux accueillir Frontex. Plus de 11 000 migrants clandestins ont débarqué aux Canaries entre le 1er janvier et le 14 septembre, avec parfois près de 400 arrivées par jour. Et au moins 800 personnes ont péri dans les naufrages de leurs pateras. Un chiffre sans doute largement sousestimé : la « route des Canaries, encore plus dangereuse que celle de la Méditerranée, est aussi bien moins surveillée

Par ailleurs, le Partido Popular (PP, opposition), met la pression. Le sénateur de Gran Canaria (la principale île de l‘archipel), Sergio Ramos Acosta, a déposé mi septembre une motion demandant un déploiement immédiat de Frontex, et des moyens additionnels pour la Guardia Civil, la police, et le sauvetage en mer

AI

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