Le changement de statut de la société publique pétrolière illustre la volonté de l‘éxecutif ivoirien d‘assurer ses arrières dans les négociations à venir.
Ne prendre aucun risque. C‘est le sens de la décision prise le 20 octobre par l’État ivoirien à propos de la Société nationale d‘opérations pétrolières de la Côte d‘Ivoire (Petroci).
Dirigée par Ibrahima Diaby, la compagnie pétrolière ivoirienne passe du statut de société à participation financière publique à celui de société d‘État.
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Un changement certes technique mais aux implications non négligeables alors que l‘Italien Eni a annoncé en septembre la découverte d‘un important gisement de pétrole et de gaz au larg e du pays, qui doit booster la production d‘or noir et les recettes de la Côte d‘Ivoire.
Supprimer une faille
« Sous le statut de société à participation financière publique, l‘entreprise était vulnérable dans le cadre d‘exécution de décisions de procédure arbitrale ou judiciaire. Certains de ses adversaires ont d‘ailleurs utilisé cette faille par le passé », confie un connaisseur du dossier.
« En redevenant société d‘État, détenue à 100 % par ce dernier, Petroci est désormais couverte par l‘immunité garantie aux entreprises publiques par la législation Ohada », reprend la même source, précisant que l‘entreprise a ainsi écrit au ministère du Budget et du portefeuille de l‘État pour changer sa raison sociale.
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C‘est en 2001, sous la présidence de Laurent Gbagbo, qu’un décret avait été pris pour céder 5% du capital social de Petroci – estimé à 20 milliards de F CFA (30,5 millions d‘euros) – aux salariés de la compagnie, faisant de cette dernière une société à participation financière publique. Sauf que, si le statut a bien changé, la cession du capital, elle, n‘a jamais été mise en œuvre.
« Le personnel n‘a pas acquis les actions. L‘État a donc décidé de les reprendre pour devenir unique actionnaire », a commenté Amadou Coulibaly, le ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie et porte–parole du gouvernement.
Restructuration
Placée sous la tutelle du ministère du Pétrole dirigé par Thomas Camara, Petroci porte les pa rts de l‘État dans l‘ensemble des blocs pétroliers attribués en Côte d‘Ivoire dans le cadre des contrats de partage de production onshore et offshore.
S‘appuyant sur ses propres services juridiques mais recourant aussi aux services du cabinet
Gide & Loyrette, la société pétrolière a entamé une profonde restructuration ces dernières années passant par le recentrage sur son cœur de métier, la production d‘or noir.
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En 2020, son chiffre d‘affaires s‘est établi à 263,6 milliards de F CFA, contre 268,9 milliards durant l‘exercice précédent, pour un résultat net de 9,5 milliards de F CFA.
Pour rappel, Petroci est engagée de longue date dans une procédure d‘arbitrage qui l‘oppose au groupe MRS Oil Nigeria, avec lequel elle a créé en 2009 une coentreprise (Corlay Global) pour reprendre les stations–service de la major américaine Chevron dans six pays.
JA