Bokassa

L’empereur autoproclamé Jean-Bedel Bokassa et son épouse Catherine, passent en revue les troupes lors de son couronnement, le 4 décembre 1977 à Bangui, un peu plus de 10 ans après son coup d’Etat.

1er janvier 1960 – Le Cameroun fête son indépendance

« Rues illuminées et désertes. Chaleur pesante et moite. Visages fermés. Sang à Yaoundé. Sang à Douala. La peur. Cette impression de malaise parmi les personnalités venues du monde entier. Une retraite aux flambeaux, quelques manifestations annulées. Ce chauffeur qui nous quitte pour aller chercher son fusil à la tombée de la nuit. Les premières heures de l’indépendance camerounaise, qui ont coïncidé avec la nuit du réveillon, n’ont guère fait retentir les tain-tains de la liesse populaire. […]

Le soleil du 1er janvier éclaira une ville transformée. Dans les rues de Yaoundé, qui s’étirent entre les collines comme les pattes d’une araignée géante, apparurent, en joyeux cortèges, les femmes aux pagnes chatoyants. Le matin, très tôt, M. Bénard, premier ambassadeur de France au Cameroun, avait présenté ses lettres de créance à M. Ahidjo. De partout, dans un tintamarre assourdissant de klaxons, surgissaient les voitures officielles. Tout le monde se rendait près du stade, où le président du Conseil camerounais devait proclamer l’indépendance de son pays et prononcer un premier discours de chef d’un Etat souverain. Très vile, l’émotion s’empara de l’assistance, surtout des Français. Il , faut l’avouer : chacun avait craint le pire. La foule était là, massée sur la place de l’indépendance, Partout une débauche de vert, de rouge, de jaune. Des applaudissements, des cris. » (L’Express du 7 janvier 1960)

1er janvier 1959 – Castro fait chuter Batista à Cuba

Article du 8 janvier 1959 sur l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro à Cuba

Article du 8 janvier 1959 sur l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro à Cuba

« Jeudi dernier, le 1er janvier, avant l’aube, le président Fulgencio Batista convoqua ses ministres et ses amis les plus proches. La grève générale révolutionnaire venait d’être déclenchée dans tout Cuba. Depuis quatre jours, la ville de Santa Clara, noeud ferroviaire qui commande les communications de toute l’île, était le théâtre d’une bataille de rues d’une extraordinaire férocité. L’aviation gouvernementale arrosait de bombes et de mitraille les localités aux mains des rebelles. Dégoûtées par la boucherie, des forces de l’ordre désertaient et passaient aux insurgés. Fulgencio Batista avait perdu son pari. Il avait été porté au pouvoir, malgré lui, il y a vingt-cinq ans, alors qu’il était sergent sténographe dans l’armée. Il portait alors un blouson de cuir, un poignard et un pistolet à la ceinture ; aux yeux du peuple cubain, il incarnait la victoire du pauvre contre les puissants et les riches.

Le tribun audacieux, modeste et tolérant d’il y a vingt-cinq ans, était devenu depuis 1952, date de son retour au pouvoir à la suite d’un putsch militaire, l’un des dictateurs les plus sanglants de l’histoire contemporaine. […] Le 1er janvier avant l’aube, suivi de 400 de ses fidèles, il prit l’avion pour Saint-Domingue, emportant avec lui 300 millions de dollars (150 milliards de francs), dont une centaine provenaient du pillage des caisses de la Sécurité sociale. […]

C’est dans l’est de l’île, toutefois, que les insurgés célébraient leur vraie victoire. Méprisant La Havane corrompue, ils installaient leur capitale et leur président provisoire à Santiago, pour commencer leur longue marche triomphale à travers l’île, conduits par leur chef, Fidel Castro. Qui étaient-ils, ces insurgés, et qui était leur chef ? « Des fous », disait-on, il y a six mois encore. Hantés par les idéaux et le langage de la Révolution française (le président provisoire Urrutia appelle ses ministres « citoyen »), ils n’ont ni programme, ni idéologie définis. Tout tient en deux mots : Liberté, Démocratie. Il y a douze ans déjà, Fidel Castro, alors âgé de 19 ans, s’enrôlait dans la « Légion américaine » pour aller libérer Saint-Domingue de la dictature du « généralissime » Trujillo. Le « généralissime » le fit arrêter par la police cubaine. Fidel médita la leçon. Fils d’un immigré espagnol qui avait fait fortune en plantant la canne à sucre, Fidel, formé par les Jésuites, prit la tête d’un groupe de résistants à l’Université de Santiago où il étudiait le droit. » (L’Express du 8 janvier 1959)

AFP/Express