JUSTICE. Le tribunal militaire de Ouagadougou a décidé de mettre en accusation l’ex-président dans le dossier de l’assassinat du capitaine iconique du Burkina Faso.
Plus de 30 ans après les faits, le tribunal militaire de Ouagadougou a décidé, le 13 avril, de mettre en accusation l’ancien président Blaise Compaoré pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre dans le dossier du meurtre de Thomas Sankara, survenu le 15 octobre 1987. Son lieutenant, Gilbert Diendéré, est lui aussi poursuivi. Au total, ce sont 14 autres personnes qui sont poursuivies dans ce dossier. « L’heure de la justice a enfin sonné, un procès peut s’ouvrir », a estimé mardi Me Guy Hervé Kam, un avocat de la partie civile, résumant un sentiment largement partagé au Burkina Faso et bien au-delà, dans toute l’Afrique, en raison du statut particulier de Thomas Sankara, réputé pour son intégrité et son action progressiste. Le dossier de son assassinat a été renvoyé plus tôt dans la semaine, mardi, devant le tribunal militaire de Ouagadougou par la juridiction d’instruction, après la confirmation des charges.
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Une victoire d’étape ?
Bras droit de Sankara, Blaise Compaoré a toujours nié avoir commandité l’assassinat de son frère d’armes, bien que le putsch de 1987 l’ait porté au pouvoir. « Ce (mardi) matin, nous avons assisté au délibéré de la chambre de contrôle de l’instruction qui a renvoyé le dossier » devant le tribunal, a déclaré Me Guy Hervé Kam. « Il appartient donc au procureur militaire de programmer une date d’audience. » Davantage de personnes étaient mises en cause initialement, mais « beaucoup d’accusés sont décédés », a-t-il précisé. La date du procès « n’est pas encore décidée », mais celui-ci pourrait avoir lieu « très bientôt », les mandats d’amener des accusés non encore détenus « ayant été ordonnés ce matin », a indiqué Me Mathieu Somé, avocat du général Diendéré.
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Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, le président Sankara a été tué, à 37 ans, par un commando le 15 octobre 1987. La mort de Sankara, surnommé le « Che Guevara africain », était un sujet tabou pendant les vingt-sept ans de pouvoir de l’ex-président Compaoré, lui-même renversé par une insurrection populaire en 2014. L’affaire a été relancée en 2015 par le régime de transition démocratique et un mandat d’arrêt émis contre Blaise Compaoré par la justice burkinabée en mars 2016. Mais, ayant obtenu la nationalité ivoirienne, l’ancien président ne peut pas être extradé de Côte d’Ivoire, où il vit depuis son départ du pouvoir. « Il y a deux possibilités pour Blaise Compaoré : soit il comparait volontairement et librement, soit on exécute à son encontre le mandat d’arrêt international », a déclaré Prosper Farama, l’un des avocats de la famille Sankara. « Ce que nous souhaitons, c’est qu’il puisse comparaître volontairement », a-t-il ajouté.
« Que justice soit rendue »
Depuis six ans, une centaine d’auditions ont été menées par la justice burkinabée, qui a également fait exhumer la dépouille de Thomas Sankara pour des analyses d’ADN. En février 2020, une première reconstitution de son assassinat s’était déroulée sur les lieux du crime, au siège du Conseil national de la révolution (CNT) à Ouagadougou. Dans un entretien à l’AFP en 2017, Mariam Sankara, la veuve de l’ancien président, avait souhaité que Blaise Compaoré « vienne répondre à la justice » et que « les commanditaires et les auteurs » de l’assassinat soient enfin sanctionnés pour « que justice soit rendue ».
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Le Point Afrique
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