28 mars 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Au Burkina Faso, un coup d’état militaire salué par la rue

 

Les putschistes ont annoncé la fermeture des frontières, dissous le gouvernement ainsi que l’Assemblée nationale et « suspendu » la Constitution. Le président Kaboré a été arrêté et serait retenu par les mutins.

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Près de dix heures se sont écoulées entre la prise de la télévision nationale à Ouagadougou par des soldats encagoulés et l’officialisation du putsch au Burkina Faso, lundi 24 janvier. Le visage du nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, est apparu sur les écrans en fin de journée, après un week-end de tensions et de mutineries dans plusieurs casernes du pays, où les attaques terroristes ont fait plus de 2 000 morts en six ans.

Le capitaine Sidsoré Kader Ouedraogo, porte-parole de la junte et des soldats, annonce qu’ils ont pris le pouvoir, le le 24 janvier 2022 depuis la Radio Télévision du Burkina (RTB).

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), « qui regroupe toutes les composantes des forces de défense et de sécurité, a ainsi décidé de mettre fin au pouvoir de M. Roch Marc Christian Kaboré », a fait savoir à la télévision le capitaine Kader Ouedraogo, entouré d’une quinzaine de militaires, en treillis et bérets rouges.

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Les putschistes ont annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes à partir de minuit, dissous le gouvernement ainsi que l’Assemblée nationale et « suspendu » la Constitution. Un couvre-feu a également été décrété, de 21 heures à 5 heures, sur toute l’étendue du territoire, « jusqu’à nouvel ordre ». Lundi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a dit suivre « avec une profonde inquiétude » la situation, a appelé les militaires « à déposer les armes » et à « assurer la protection » du président Kaboré, qui a été, selon son entourage, placé dans une « villa surveillée ».

« Le pays est libéré ! »

Après la déclaration télévisée de la junte, quelques centaines de partisans rassemblés sur la place de la Nation, au cœur de la capitale, ont crié leur joie et entonné l’hymne national. « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! », ont chanté ces derniers, en brandissant des petits drapeaux du Burkina Faso« Avec le président Roch, on vivait chaque jour des tueries, la misère, maintenant avec les militaires au pouvoir on espère retrouver la paix », veut croire Ousseni Bamogo, un soudeur au chômage. Dans le centre-ville, des groupes de jeunes paradaient également sur leur moto, klaxonnant et criant : « Le pays est libéré ! Vive l’armée ! »

La confirmation du putsch a mis fin à une longue journée d’incertitude au Burkina Faso, mais n’a pas levé le voile sur le sort du président déchu. Dans la nuit de dimanche à lundi, des tirs ont été entendus près du domicile du chef de l’Etat, dans le quartier de la Patte-d’Oie, et trois véhicules criblés de balles ont été retrouvés aux abords de la demeure, abandonnés en pleine rue. Des traces de sang recouvraient les sièges de l’un des véhicules.

 

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