19 avril 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Après la condamnation de Teodorin, tractations secrètes sur le 42 avenue Foch 

Après la confirmation le 28 juillet de la condamnation définitive du viceprésident équatoguinéen Teodorin Obiang Nguema dans le dossier dit des « biens mal acquis« , Paris et Malabo ont entamé de très discrètes négociations pour tenter de parvenir à un accord sur lépineux dossier du 42 avenue Foch, à Paris. Cet immeuble est sous le coup dune ordonnance de saisie à laquelle soppose la Guinée équatoriale et qui met plus que jamais à mal les relations entre les deux pays

Limmeuble du 42 avenue Foch, à Paris, est sous le coup dune ordonnance de saisie à laquelle soppose la Guinée équatoriale

Cest une très discrète visite parisienne qua entamé la semaine dernière le ministre équatoguinéen de la justice, Salvador Ondo Nkumu. Objectif : négocier les termes dun accord avec Paris sur lexplosif dossier du 42 avenue Foch, dans le 16e arrondissement de la capitale française. Depuis la condamnation définitive le 28 juillet par la Cour de cassation de Paris du viceprésident équatoguinéen 

Teodorin Obiang Nguema pour « blanchiment dabus de biens sociaux, de 

GUINEE EQUATORIALE/FRANCE: Après la condamnation de Teodorin, tractations secrètes sur le 42 avenue Foch 

 détournement de fonds publics et dabus de confiance, lhôtel particulier est sous le coup dune ordonnance de saisie. Une décision à laquelle soppose fermement Malabo, qui a épuisé tous les recours en France pour tenter de garder le bâtiment

Immunité diplomatique 

Si la justice française estime que lhôtel particulier appartenait personnellement au fils du président Teodoro Obiang Nguema au moment des faits, Malabo défend toujours bec et ongles que le bâtiment serait en réalité une représentation diplomatique. Pour appuyer sa démonstration, la Guinée équatoriale a en effet converti entretemps les locaux en ambassade et y héberge une partie de son personnel diplomatique, à commencer par lambassadeur en personne, Miguel Oyono Ndong Mifumu Selon Malabo, le bâtiment jouirait ainsi dune immunité diplomatique conférée par la Convention de Vienne. Un statut qui hypothèquerait toute saisie de limmeuble par la justice française. Une défense qui n‘a jusquici jamais convaincu les juges français, qui souhaitent désormais réquisitionner le bien immobilier

Alors que la menace dune saisie se rapproche, lambassade équatoguinéenne sest attaché les services de Kevin Grossmann, qui prépare activement une contre attaque juridique. Lavocat français a déjà obtenu par le passé lannulation de saisies par la justice française de plusieurs biens du Congo Brazzaville dans le complexe dossier Commisimpex

Négociations 

Dans ce contexte explosif qui met plus que jamais à mal les relations entre Paris et Malabo, les deux capitales tentent désormais de parvenir à un accord. Dans le courant du mois daoût, le Quai dOrsay sest ainsi coordonné avec lAgence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) afin déviter toute évacuation précipitée. La diplomatie française marche en effet sur des oeufs : une expulsion pourrait entraîner la saisie, illégale, de documents placés sous statuts diplomatiques, ou encore larrestation de personnes détentrices dudit statut

Le ministère des affaires étrangères français, qui entend donc temporiser, est également très attentif à ce que la Guinée équatoriale ne puisse pas racheter le bâtiment en cas de mise en vente aux enchères. Une manæuvre qui reste sérieusement envisagée à Malabo

Départ du 42 contre rencontre au sommet

La priorité pour Paris est donc désormais de pouvoir convaincre Malabo de retirer son personnel diplomatique afin de libérer le bâtiment. Plusieurs options de « relogements » ont ainsi été proposées par la France. En cas dun énième refus de la Guinée équatoriale, des scénarios plus ou moins radicaux sont à létude pour faire évacuer le personnel, allant jusquà la coupure de lélectricité pour limmeuble

Pour fournir une porte de sortie honorable à lEtat équatoguinéen, la diplomatie française pourrait, si les diplomates de Malabo acceptent de quitter limmeuble du 42, inviter en retour le président Teodoro Obiang Nguema, à Paris, en marge du Forum pour la paix, qui se tiendra du 11 au 13 novembre

Depuis le palais présidentiel de la capitale équatoguinéenne, ce dernier suit le dossier de près. Au lendemain de la décision de la Cour de cassation du 28 juillet, le chef de lEtat équatoguinéen avait souhaité sans succès négocier laffaire directement avec Emmanuel Macron. Il avait dans la foulée refusé de recevoir en audience lambassadeur français à Malabo Olivier Brochenin, quil avait pourtant convoqué. Depuis, la Guinée équatoriale a multiplié les demandes afin de recevoir à Malabo directement de Paris un émissaire de « haut niveau » du président français. Des doléances poliment déclinées par la diplomatie française

Malgré ses ultimatums répétés, Malabo na en revanche à ce jour jamais mis à exécution sa menace de fermer son ambassade à Paris. Depuis plus dun an, la diplomatie équatoguinéenne agitait en effet le chiffon rouge dune rupture des relations diplomatiques avec la France en cas de nouvelle condamnation du vice président Teodorin Obiang Nguema. Un Rubicon quelle na également pas franchi dans ses relations avec Londres. Malgré lannonce tonitruante faite le 26 juillet dune fermeture imminente de sa représentation diplomatique au RoyaumeUni, et ce en représailles des sanctions mise en place par Londres contre Teodorin, aucune procédure na encore été engagée pour le moment en ce sens

AI

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