L’Angola au XIXe siècle
Au XIXe siècle, Luanda était une petite ville habité par des commerçants et des employés. Un des premiers compositeurs angolais fut Augusto Tadeu Bastos. Cet artiste né en 1872 à Benguela était peintre, journaliste et compositeur. Il se rendit célèbre par une valse «~As Furnas do Lobito~» (les caves de Lobitos) qu’il interprétait au piano. En 1875, on signale l’apparition d’un des premiers morceaux de semba, «~Madya Kandimba~» recueilli par Oscar Ribas. Combinaison de musique et de poésie, ce titre raconte l’histoire d’un Européen amoureux de sa servante. Il sera suivi de Kinjangu, (le grand chevalier) écrit en 1884. Un célèbre juriste portugais passionné par la musique angolaise, Alfredo Troni (1845-1904) interpréta de nombreuses pièces du folklore.
1900 – 1950 : les premiers sembas
Plusieurs musiciens et compositeurs s’illustrèrent au début du siècle.
Luis Gomes Samba (1874-1946) fut le compositeur et le leader d’une fanfare qui jouait dans les rues de Luanda à l’occasion du Carnaval. Son groupe joua dans la région de Luanda jusqu’en 1943.
Antonio de Assis Junior (1877-1960), le premier président de la Ligue Nationale Africaine en 1930, jouait de la guitare et chantait des chansons africaines et portugaises. Il savait lire la musique et l’enseigner et fût le premier à souligner les racines africaines de la musique brésilienne, une théorie reprise plus tard par Liceu Vieira Dias (1919-1994) .
Rodrigues Ndongo, un des précurseurs de la musique populaire imposa son style de guitare aux accents bahianais vers 1935 en compagnie de son groupe qui comprenait Borja (le père de Xodo), le violoniste Jose Da Conceiçao, le chanteur guitariste Cabedo de Lancastre qui chantait en kimbundu, Alexio Palma, père de la chanteuse Belita Palma et Filipe Amado Karola, joueur de dikanza.
Ces artistes jouèrent les premiers sembas. D’autres artistes émergèrent sur la scène luandaise quelques années plus tard comme Alvaro Caldas, un grand folkloriste, Manuel Dos Passos grand connaisseur de la culture kimbundu, et Flavio Galiano qui jouait du tambourin et faisait le clown dans les groupes de carnaval.
1950’s : naissance de l’angolanité
En 1926, à l’arrivée du régime de Salazar, se met en place une politique de ségrégation raciale et sociale divisant la société en noirs, assimilés, mulâtres, blancs venus du Portugal et Blancs nés en Angola. Cette politique se reflète dans l’urbanisation (centre blanc colonial, quartiers périphériques ou musseques «~indigènes~»). Les «~assimilés~» spoliés de leurs biens et de leurs prérogatives par le pouvoir colonial ont reçu une éducation portugaise mais sont emprunts de culture brésilienne et sont passionnés par le concept de négritude : ils seront les principaux artisans de la lutte indépendantiste. Ils fréquentent la Liga Africana, lieu d’affirmation de l’Angolanité. Dans les musseques, le Carnaval et les turmas de percussions véhiculent la culture populaire.
Dès les années 1950, plasticiens, écrivains, dramaturges et musiciens auront une influence importante sur la société angolaise et à l’extérieur. On peut citer le groupe Ngola Ritmos de Liceu Vieira Dias, Viteix et Antonio Ole dans les arts plastiques (à partir des années 1960) et Agostinho Neto pour la littérature.
1960’s : la vague électrique
Dans les années 1960, les colons portugais soumis à la pression internationale lancent la politique «~psycho sociale~» oscillant entre répression et timide ouverture à la culture angolaise. En 1961 , le carnaval est interdit et Sabastiao Coelho, directeur d’une radio à Huambo, arrêté. Parallèlement, les autorités montent une petite industrie discographique qui va jouer un rôle déterminant dans l’éclosion de la nouvelle musique angolaise des années 1960/70.
Seront ainsi produits des artistes comme Elias Dias Kimuezo, Os Kiezos et Os Jovens do Prenda. Mode d’expression privilégié des mouvements indépendantistes, la musique connaît alors un essor sans précédent : la Ligua Africana programme toutes les semaines des spectacles de musique et de théâtree, dans les quartiers se multiplient les groupes de percussions et de guitare artisanales.
Crée en 1968, Radio Voz Angolana est la voix du colonisateur mais aussi un espace de diffusion de la culture angolaise. A Lisbonne, le Duo Ouro Negro, Lilly Tchiumba , Teta Lando, Vum Vum, Ruy Mingas et Bonga chantent l’Angola.
En 1969, la maison de disques Valentim de Carvalho ouvre des studios à Luanda et lance le label Ngola. C’est en cette fin des années 1960 qu’a lieu la véritable explosion musicale, culturelle, sociale et politique. Influencés par la pop internationale, les jeunes groupes issus des musseques comme Os Kiezos, Oscar Neves, Os Bongos, et Jovens Do Prenda lancent la musique électrique. Tandis que Ngola Ritmos, Fogo Negro et Dimbo Diangola basaient dans les années 1950 leur musique sur une approche «~guitares acoustiques/percussions~», les jeunes groupes s’orientent vers un jeu de guitare se rapprochant de celui des Congolais, une influence naturelle qui s’explique par la présence au nord du pays d’une forte communauté bakongo. Mais les rythmes angolais sont aussi fortement exploités comme le semba et la rebita sans oublier les rythmes du Brésil et des Antilles dont le très populaire merengue.
1970’s : Indépendance et guerre civile
Au début des années 70, le pays enrichi par l’exploitation des matières premières et la découverte du pétrole vit une prospérité dans précédent. On assiste à une explosion de la créativité : en dépit des contrôles de la PIDE (la police politique), les bals populaires, les fêtes et les spectacles se multiplient. Dans les centres récréatifs , on déguste de la cuisine angolaise et on danse. Les disc-jockeys diffusent des musiques brésiliennes et caribéennes ainsi que les premiers 45 tours angolais. Les groupes comme Os Kiezos, Jovens do Prrenda, Aguias Reais, Africa Show, Cabinda Ritmos, Ngoma Jazz et Super Coba se produisent dans les quartiers.
Mais les dissensions entre le MPLA et l’UNITA s’exacerbent. En 1977 , une tentative de coup d’Etat plonge le pays dans la psychose. L’activité musicale contrôlée par le MPLA est soumise à un contrôle très strict et certains musiciens seront assassinés comme David Ze et Urbano de Castro. Il faudra plusieurs années à la scène musicale angolaise pour se reconstruire en partie grâce aux échanges avec le Brésil qui se multiplient et aux tournées d’artistes comme Franco et Manu Dibango.
1980’s : le kizomba
Dans les années 1980, la mode zouk prend pied dans ce pays où toute la jeunesse danse au son de Malavoi, de Gazolin et de Kassav’ qui y fait une tournée triomphale. Des jeunes musiciens reprennent des éléments de ces musiques – beat , claviers – et inventent le kizomba qui détrône le semba dans les discothèques. Des jeunes issus de différentes régions du pays apportent des sons nouveaux. Certains sont produits par l’INALD (L’institut national du disque et du livre) . D’autres vont se produirent à Cuba et au Brésil mais la guerre civile fait rage et l’industrie discographique locale est en ruine. Des artistes comme Rui Mingas, Bonga, Teta Lando et Waldemar Bastos prennent le chemin de l’exil. D’autres comme Horizontes Da Lunda sul imposent les musiques de l’Est du pays, Mito Gaspar , fidèle à l’héritage kimbundu est la révélation du festival de la chanson en 1980 tandis que Nani qui chante au sein des Merengues propose un répertoire afro-américain, capverdien, portugais et angolais.
1990’s-2000 : retour aux sources et Kuduro
Epuisée par plusieurs décennies de guerre, la scène musicale angolaise retrouve progressivement ses marques après la folie zouk et les musiques importées. Les anciens reviennent en force pour reprendre le flambeau d’un patrimoine musical riche et diversifié.
Carlos Lamartine, Elias dia Kimuezu, Mario Rui Silva, Lourdes Van Dunem connaissent un second souffle. Dans la lignée de cette génération, de jeunes artistes vont opérer ce retour aux sources : les frères Kafala proposent un retour au folk épousant la tradition des trovadores, Carlito Vieira Dias en compagnie de las Maravilhas suit l’héritage musical de son père, Liceu en compagnie de Mario Rui Silva, promoteur du patrimoine national. Carlos Burity s’impose comme une des grandes voix du semba tandis que Filipe Mukenga navigue du semba à l’opérette en passant par les sonorités brésiliennes ; et que Waldemar Bastos explose sur la scène internationale diffusant dans son dernier album Renascence, son rêve d’une musique panafricaine.
Dans les années 1990 émerge un nouveau style, le kuduro, mélange de kizomba, de semba, de malanje, de break dance, de ragga et de techno.
JM
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