Téné Birahima Ouattara, le ministre de la défense et frère cadet du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, planche depuis la rentrée sur un projet de bâtiment capable d‘accueillir l‘ensemble des services de son ministère. En attendant la validation définitive des plans, le ministère a déjà enclenché la construction de nouveaux locaux de 3 600 mètres carrés pour relocaliser ses trois départements stratégiques. Un projet combattu en son temps par l’ex–ministre de la défense Hamed Bakayoko, qui ne jugeait pas prioritaire ce redéploiement immobilier. Les nouveaux bâtiments doivent abriter la Direction générale du renseignement militaire et de la sécurité défense (DGRSD), la Direction des affaires stratégiques (DGAS) et le Département des affaires logistiques et générales (DGALT). Ces trois entités opéraient jusqu‘ici dans des implantations temporaires et déménageront dès la fin des travaux.
Le ministère est également confronté à un problème de stockage, notamment pour ses équipements les plus sensibles utilisés par le renseignement militaire. Le projet, d‘un montant de 4,7 milliards de francs CFA (6,5 millions d‘euros) hors taxes, a été confié au cabinet d‘architectures Peretz Consulting, filiale des holdings de Gaby Peretz, un habitué des couloirs de la présidence ivoirienne. L‘homme d‘affaires israélien a été introduit en 2016 sur les bords de la lagune Ebrié par Alain–Richard Donwahi, à l‘époque secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité de la présidence (CNS).
Assemblage de blindés : le général Richard André, envoyé spécial de Florence Parly et VRP d’Arquus
En missionnant le général Richard André, ancien conseiller du gouvernement, pour appuyer une offre française visant à implanter un atelier de montage de blindés en Côte d‘Ivoire, Paris veut conserver sur le long terme les débouchés de son industrie dans le pays.
Pour défendre les intérêts de son industrie de défense en Côte d‘Ivoire, soumise à une rude concurrence internationale (AI du 23/09/21), Paris n‘hésite pas à faire discrètement appel aux plus haut gradés de l‘armée française. Dans le cadre du projet d‘installation d‘une usine de montage de véhicules blindés en Côte d‘Ivoire, porté depuis plusieurs mois par le ministre de la défense et frère du président ivoirien Téné Birahima Ouattara, Paris a ainsi confié au général (2S) Richard André le soin de porter l‘offre soumise par Arquus, leader français du véhicule militaire léger. La Côte d‘Ivoire a exprimé récemment des besoins importants en termes de matériel roulant, tant pour lutter contre les attaques de groupes armés sur sa frontière nord que pour équiper ses contingents de casques bleus.
Arquus a donc proposé à Abidjan de mettre en place des lignes d‘assemblage de blindés de type Bastion, afin d‘assurer le transport des Forces armées de Côte d‘Ivoire (FACI) et d‘améliorer leur résistance contre les engins explosifs improvisés (IED). Le projet vise aussi à établir une concession pour la maintenance du matériel. Pour parfaire l‘offre tricolore, le constructeur s‘est associé à son compatriote, l‘opérateur militaire Sofema dont il est actionnaire et qui se spécialise dans la vente d‘équipements de seconde main et de pièces détachées. En juin, Abidjan avait par ailleurs reçu une offre concurrente de la part de l‘entrepreneur israélo–américain Sharon Amar (AI du 15/09/21).
Spécialiste de la maintenance et de MCO
Le général André a consacré la majeure partie de sa carrière à la gestion du matériel militaire. D‘abord chef de la division équipements et maintenance des forces terrestres, il a ensuite été en charge de la transformation et du maintien en condition opérationnelle (MCO) du matériel. C‘est en 2018 qu‘il est devenu conseiller du gouvernement, mettant notamment à profit son expertise sur les questions de cession de matériel de guerre, en tant que pivot entre l‘état major et la Direction générale de l‘armement (DGA). Admis en retraite, il continue toutefois de conseiller de manière informelle l‘état–major et le cabinet de la ministre des armées Florence Parly.
AI
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