L’ex-banquier succède à Henri Konan Bédié à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire. Il a été élu lors d’un congrès extraordinaire, le 22 décembre, à Yamoussoukro.
Tidjane Thiam prononce son discours d’investiture, après son élection à
la tête du PDCI, le 22 décembre 2023. .
Le voilà donc officiellement intronisé. Ce vendredi 22
décembre, Tidjane Thiam, 61 ans, a été élu président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à l’issue d’un congrès extraordinaire organisé à la fondation Félix Houphouët-Boigny, à Yamoussoukro. L’ex-patron de Credit suisse a recueilli 96,48% des voix. Il était en lice
face à Jean-Marc Yacé, maire de Cocody présenté comme une figure montante du parti. Successeur d’Henri Konan Bédié, décédé le 1er août, Thiam prend la tête du premier parti d’opposition à Alassane Ouattara.
Venus des différentes régions du pays, les militants ont assisté jusqu’à tard dans la nuit à la compilation des résultats. Malgré la fatigue qui se lisait sur les visages, c’est sous un tonnerre d’applaudissements et dans une ambiance festive que Tidjane Thiam a reçu le fanion du parti des mains du président par intérim, Alphonse Cowppli-Bony Kwassy.
Hommage à Bédié et Houphouët-Boigny
Lors du congrès du PDCI à l’issue duquel Tidjane Thiam a été élu à la tête
du parti,le 22 décembre.
<< C'est avec beaucoup d'humilité que j'accepte la responsabilité que vous avez décidé de me confier, a déclaré Tidjane Thiam après avoir prêté serment. J'appelle tous les militants à se tenir prêts à participer aux chantiers qui seront engagés. » Il a également promis de travailler à l'unité du parti, en menant, dans les jours à venir, des consultations afin de constituer une équipe <<< inclusive >> en vue de préparer la présidentielle de 2025.
Une nouvelle vision de la décarbonisation de la chaîne d’approvisionnement
Après Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié,
Tidjane Thiam est le troisième président élu de l’histoire du PDCI, fondé en 1946. Des prédécesseurs à qui il a rendu un «hommage appuyé ». Il a également salué les militants pour leur discipline, jugeant que «le déroulement et l’issue du congrès ont honoré le PDCI ».
Initialement prévu le 16 décembre à Abidjan, le congrès du PDCI avait dû être reporté une première fois en raison d’une procédure judiciaire initiée par deux militants. Ceux-ci, qui dénonçaient «l’opacité» du processus, ont finalement retiré leur plainte le 21 décembre. Jusqu’à la
dernière minute, le doute aura plané sur la tenue de ce congrès, au point de susciter des questions sur l’avenir du
parti.
Simone Gbagbo dans l’assemblée
Organisé in extremis, ce congrès, dont la date a été fixée
par un bureau politique le 19 décembre, a tout de même rassemblé plusieurs milliers de militants venus de tout le pays. Des diplomates étrangers et des représentants de plusieurs autres partis politiques avaient aussi été invités. L’ancienne première dame Simone Gbagbo, présidente du Mouvement des générations capables (MGC), était
notamment présente.
A lire a Cinq questions pour comprendre l’élection du président du PDCI
Côte
À ses côtés se trouvaient certains de ses anciens
camarades de gauche: Issiaka Sangaré, secrétaire général
du Front populaire ivoirien (FPI) et Assoa Adou, premier vice-président du Parti des peuples africains d’Ivoire (PPA-CI). Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) était pour sa part représenté par son porte-parole, Kobenan Kouassi Adjoumani. Transfuge du PDCI, il a été hué par certains
de ses anciens camarades.
La présidentielle en ligne de mire
Tidjane Thiam et Jean-Marc Yacé, les deux candidats à la présidence du
PDCI, se serrant la main lors du congrès du PDCI qui a conduit Thiam à la
tête du parti, le 22 décembre 2023. © Sia KAMBOU / AFP
Après deux décennies à l’étranger, Tidjane Thiam est
rentré en Côte d’Ivoire en août 2022. Il avait quitté le pays après le coup d’État de 1999 ayant renversé Henri
Konan Bédié, dont il était alors le ministre du Plan. De
retour sur le sol ivoirien, il avait notamment été reçu par Alassane Ouattara, à Abidjan, et Henri Konan Bédié,
dans son fief de Daoukro. Thiam avait alors clairement
réaffirmé son appartenance au PDCI.
Pour ce banquier plus habitué aux réunions dans les tours
de la City à Londres qu’aux meetings à même la latérite, le plus dur commence. Censé incarner le rajeunissement du PDCI, tant demandé en interne après des années de gérontocratie sous Bédié, Thiam va devoir rapidement réorganiser le parti et réconcilier ses différents courants. Avec, en ligne de mire, un objectif dont il ne parle pas encore ouvertement mais qu’il a plus que jamais en tête : la présidentielle de 2025.
Lors du congrès de ce vendredi, les participants ont
adopté une résolution qui précise que « le président élu
est le candidat du PDCI – RDA à la convention
d’investiture pour les élections présidentielles de 2025». Une résolution qui pourrait compliquer davantage la tâche aux autres caciques du parti qui veulent obtenir l’investiture du parti, à l’instar du député Jean-Louis Billon, qui ne fait pas mystère de ses ambitions.
Jm Source : JA