5 décembre 2024
Paris - France
EUROPE

Les déclarations d’Emmanuel Macron sur la Russie ulcèrent Kiev et ses alliés

France’s President Emmanuel Macron, center left, watches a performance during a group photo of European Union and Western Balkan leaders at the EU-Western Balkans Summit, in Tirana, Albania, Tuesday, Dec. 6, 2022. EU leaders and their Western Balkans counterparts gathered Tuesday for talks aimed at boosting their partnership as Russia’s war in Ukraine threatens to reshape the geopolitical balance in the region. (AP Photo/Andreea Alexandru)

Alors que les frappes russes se poursuivent sur les infrastructures civiles, le chef de l’Etat évoque « les garanties de sécurité » à accorder à Moscou après la guerre.

La saillie n’a rien d’une gaffe. Elle exprime plutôt une conviction profonde d’Emmanuel Macron. La phrase prononcée par le chef de l’Etat en vue d’offrir des « garanties de sécurité » à la Russie, quand les combats cesseront, a suscité un tollé dans l’Est du continent européen, plus de neuf mois après l’invasion russe de l’Ukraine. « Qu’est-ce qu’on est prêt à faire pour donner des garanties pour sa propre sécurité à la Russie le jour où elle reviendra à la table des négociations ? », s’est interrogé le chef de l’Etat, dans un entretien sur TF1, samedi 3 décembre. « Un des points essentiels, c’est la peur que l’OTAN vienne jusqu’à ses portes, c’est le déploiement d’armes qui peuvent menacer la Russie », a-t-il expliqué, semblant reprendre les arguments avancés par Moscou pour justifier son offensive.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Oleksii Reznikov, ministre de la défense ukrainien : « Cette guerre est une guerre d’alliances et de ressources »

L’Ukraine n’a pas tardé à réagir, au moment où la Russie s’acharne à détruire ses infrastructures civiles dans le but de saper le moral de sa population, en la privant de chauffage et d’électricité cet hiver. « Quelqu’un veut fournir des garanties de sécurité à un Etat terroriste et meurtrier ? », a lancé le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksi Danilov, sur Twitter.

Pour le vice-ministre polonais des affaires étrangères, Marcin Przydacz, M. Macron « commet une erreur en disant ce qu’il dit ». « Vladimir Poutine a une structure mentale qui fait que toute tentative de contact, d’apaisement, le renforce psychologiquement », a-t-il observé dans un entretien diffusé en Pologne. Le vice-premier ministre letton, Artis Pabriks, estime pour sa part que l’idée de donner des garanties de sécurité à la Russie « revient à tomber dans le piège du récit de Poutine selon lequel l’Occident et l’Ukraine sont responsables de la guerre ».

« Discours illisible et inaudible »

Les propos rappellent ceux prononcés en mai par Emmanuel Macron, lorsqu’il avait invité à « ne pas humilier » Moscou, alors que nombre des alliés de l’Ukraine souhaitent en premier lieu la défaite de la Russie sur le terrain, c’est-à-dire son retrait complet des territoires occupés, y compris la Crimée, annexée unilatéralement en 2014. A chaque fois, les mots du chef de l’Etat mettent à mal ses relations avec les capitales de l’Est du continent, en dépit du soutien militaire, diplomatique et financier que la France apporte à l’Ukraine. Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, parle d’un « discours illisible et inaudible, et surtout contreproductif pour son propre agenda européen ».

Le Monde.fr